Faire carrière en politique: un parcours balisé
Aux États-Unis la figure du "self made man" est l'un des mythes fondateurs de la culture américaine. L'idée que tout le monde peut réussir quel que soit ses origines est fortement ancrée dans la mentalité. Cette certitude s'applique aux domaines les plus variés, y compris en politique. Qu'on se rappelle l’histoire incroyable de Ronald Reagan: lui l'enfant chéri d'hollywood propulsé jusqu'à la plus haute fonction du pays. Un parcours exceptionnel que celui de cet acteur devenu président de la première puissance mondiale. Un destin qui n'aurait eu aucune chance de se produire, fut-il né en France. Car dans l'hexagone le monde politique est un univers aux fortes valeurs conservatrices, fait de traditions et de beaucoup de formalisme. Se lancer dans une carrière politique en France ne se fait qu'en suivant scrupuleusement un cursus honorum établi de longue date. En-dehors de très rares exceptions, une carrière politique n'est possible qu'en suivant ce parcours prédéfini. Voyons donc les grandes étapes qui la caractérisent.
Une formation universitaire obligatoire dans les grandes écoles
N'en déplaise au mythe de l'égalité républicaine, la France est un pays qui sous bien des aspects fait preuve d'un élitisme patent. Preuve en est que la majorité des membres de la caste politique est issue de l'une des grandes écoles françaises. Qu'il s'agisse de Sciences Po, de HEC, et bien entendu de l'ENA. Même s'il n'y a pas de politique officielle de préférence pour les diplômés de ces écoles. La récurrence du fait ne manque pas d'interpeller. Ainsi, on peut clairement affirmer qu'être sortant des grandes écoles est le premier pas pour intégrer le monde fermé de la politique.
Le cas de l'ENA (Ecole Nationale d'Administration) est certes assez particulier puisqu'elle a spécifiquement vocation à former le personnel administratif des différentes institutions, comprenant le personnel politique. De plus, les énarques forment souvent le socle des administrations ministérielles.
Un passage par l'administration ou les grandes entreprises
Une fois leur diplôme en poche, les aspirants politiciens ne sont pas tout de suite jetés dans l'arène politique. La politisation se fait sur le tard, il faut d'abord honorer une autre tradition de la classe politique française: soit travailler au sein de l'administration, soit faire ses armes au sein des grands groupes du CAC40 ou des grands internationaux comme les GAFA. La raison en est qu'il leur est absolument nécessaire de découvrir le fonctionnement de la bureaucratie française, d'une part; et d'acquérir des bases sur le monde entrepreneurial et économique d'autre part. Des connaissances qui en tout état de cause ne peuvent que leur être utiles plus tard.
Intégration d'un parti
C'était sans doute l'un des mots les plus usités de la dernière campagne présidentielle: mouvement. Celui qui était encore prétendant à l'époque avait choisi ce mot pour désigner la structure politique qui devait lui permettre de remporter la victoire. Mouvement ou parti politique, la différence demeure assez superficielle. Et dans le paysage politique français, toute carrière s'organise autour de l'appartenance à un parti politique. Ce dernier fournit à ses partisans, le matériau idéologique pour se positionner sur le champ politique. Les partis sont aussi des structures indispensables pour faire avancer. des carrières, car ils disposent des moyens humains et financiers pour gagner des élections, des postes et générer de la visibilité vis-à-vis du grand public.
On le voit bien la poursuite d'une carrière politique ne peut se faire sans consentir à de faire de nombreux efforts, et en acceptant de se soumettre aux nombreuses contraintes qui régissent ce monde. Ceux qui souhaitent malgré tout se lancer sont désormais prévenus, ils n'ont plus qu'à s'y préparer.